Emois, et moi...

Les premiers de la classe

Ce qui est terrible avec les premiers de la classe, c’est que toute leur vie, ils veulent le rester. Et, du coup, à chaque fois que vous les voyez, ils passent leur temps à vous expliquer comme ils sont forts, comme ils font bien ceci ou cela… J’en connais quelques-uns, ou plutôt quelques-unes, qui sont toujours dans ce schéma bien que la cinquantaine ait sonné à leur porte. L’une parle de moi en disant "ma meilleure amie"... Mais, s’est-elle seulement demandé si elle était la mienne ? Ou bien, le fait qu’elle soit une "première de la classe" devrait me rendre fière qu’elle parle comme ça de moi ? D’ailleurs, elle n’est pas ma meilleure amie, et je ne considère aucune de mes amies comme "la meilleure", pour la raison simple que je n’attribue aucune note à mes ami(e)s. Et j’aimerais assez que personne ne me note non plus. J’ai des amis, et c’est une chance, mais jamais je ne me permettrais de les "noter".
Les deux amies auxquelles je pense ont des points communs comme : se gargariser de tout ce qu’elles font, elles parlent d’elles-mêmes en disant "j’ai très bien élevé mes filles", "je me débrouille très bien toute seule", "c’est moi qui ai fait ceci...", etc. Et comme vous hochez la tête en les écoutant, quand elles voient une autre amie que vous, elles diront "Machine m’a dit que j’ai très bien élevé mes filles", "Machine m’a dit que je me débrouille très bien", etc. Et vous vous retrouvez partie prenante dans une histoire que vous n’avez pas vécu.
C’est assez pénible. Après une semaine de vacances passée avec l’une d’elles, je me sens prête à m’en débarrasser. J’attends le bon moment. Ou peut-être que c’est elle qui ne me contactera plus. C’est possible.
En tout cas, elle m’a gavée et gâchée ma première semaine de congé.
Et puis, cette façon de dire "j’ai toujours été considérée comme l’intello de la famille, la fêtarde aussi". L’intello de la famille qui regarde "l’amour est dans le pré" et ne loupe pas une émission. L’intello de la famille qui n’arrive pas à passer une soirée seule chez elle, tellement elle s’ennuie dès qu’elle est face à elle-même, et du coup, se saoule encore et encore. Elle est pathétique, mais je ne peux pas lui dire. Je crois qu’elle voit à mon regard le mépris qu’elle m’inspire. En écrivant, je me rends compte qu’elle n’est vraiment pas une amie.